«Knox, vieux, une dénommée Abigail te demandes... ». Aby ? Damn, qu'est-ce qu'elle fichait encore ? Abberdeen vint prendre le combiner que lui tendait avec impatience son collègue, d'jà prêt à aller pétrir la pâte à beignets. A l'autre bout du fil, sa nièce qui - pour ne pas changer les habitudes de merde- chouinait encore. Il souffla quelques paroles suintant la lassitude, lui intima de faire ses devoirs puis raccrocha. Une soirée pourrie s'annonçait pour lui. Un sourire vint étirer ses lèvres, une fête était donnée à quelques miles de là où il devait établir son stand, grande nouveauté, un stand, truc parfaitement inutile, il allait s'faire chier. Un regard porté sur sa montre confirma qu'il commençait effectivement à se faire tard, trop tard pour laisser une gamine seule à la maison. Trop tard pour travailler sur une plage de plus en plus vide, sommes toute une plage de moins en moins safe. Bref : il remit en place l'affreux couvre chef qu'on l'obligeait à porter et se saisit de son attirail. Dans sa poche, son cellulaire vibra, crachant un juron, il alluma l'écran et vit clignoter « 1 nouveau message » posteur : Gwenaël. Ses sourcils se froncèrent, n'était-elle pas censée réviser à la bibliothèque ? Il appuya sur le bouton et en lu le contenu avant de pouffer de rire. Décidement, cette minette avait de sérieux problèmes psychologiques. Pas la peine de préciser qu'il ne se fit pas prier. Abberdeen était ainsi fait, toujours ready pour rendre service à ses amis. Toujours prêt à endosser le rôle de preux chevalier. Un véritable seigneur d'un autre genre. Il tapota les touches rapidement puis envoya un sms, lui expliquant qu'il était sur le trajet. Il ne mit pas bien longtemps à arriver sur les lieux du " drame ". La porte était bel et bien fermée. Les lumières effroyablement éteinte : de quoi faire des frayeurs à la belle demoiselle coincée dedans. Un enième rire vint faire écho, de lui , sans surprise. Il longea le mur latéral à la recherche d'une issue puis se stoppa net devant une des fenêtres. Il tenta de soulever le rabat : impossible. Il tenta de pousser : impossible. Il se saisit d'une brique prêt à briser : ça aussi impossible, quelle idée aussi de poser des vitres en plexiglas ? FUCK. Ironique, il était coincé dehors et elle, dedans. Soupirant, il prit une clope et entreprit de la fumer tout en frappant la fenêtre, histoire d'éveiller l'interêt de Mamzelle Sullivan. Il vit bientôt un visage se dessiner de l'interieur : flippant quand même, dans cette nuit noire. Damn, il faillit faire tomber sa sèche : « Merde, Sullivan. On dirait bien que je ne peux rien à y faire... », il désigna la brique négligemment laissée sur le rebord : « Et toi, tu pourrais faire un truc, de l'intérieur ?». Brassant de l'air, il essayait tant bien que mal de se faire comprendre, avec l'impression pitoyable de ne servir à rien. Inutile, cracha-t-il, ça s'trouve, elle ne t'entends même pas.

Gwen’ c’est le genre de fille à ce mettre toujours dans le pétrin, ou dans des situations incongrus. Se prendre un poteau dans la rue c’était son quotidien, renverser son café sur elle, idem, rester bloquer dans la bibliothèque, idem. D’ailleurs ça venait de lui arriver. La poisse. Il n’y avait qu’elle pour se retrouver bloqué dans une bibliothèque. Dans le noir. Elle qui avait si peur du noir. Et qui avait une imagination débordante. Elle était réellement dans la merde. Elle envoya un message à Knox. Elle savait parfaitement que s’il pouvait venir il viendrait. D’ailleurs en lisant son message, elle était sûre qu’il avait dû bien rire. Qui n’aurait pas ri d’ailleurs. Il lui répondit un petit moment après qu’il était sur le chemin. Pour elle s’était déjà une chose rassurante. Et le pire c’est qu’elle ne pouvait même pas lire ni faire quoi que ce soit, il faisait tout noir. Et à ce rythme-là elle n’aura plus de batterie sur son téléphone. Elle était là assisse. A se demander pourquoi ? Pourquoi elle ? Pourquoi fallait-il toujours qu’elle se mette dans des situations pareilles. Soudain dans le silence de la noirceur elle entendit toquer à la fenêtre. Elle fit un bond majestueux. Se prit le coin de table dans le pied. Mais arriva quand même une légère angoisse à la fenêtre. Elle se doutait que c’était lui. Et elle le vit. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Elle le vit remuer des lèvres mais elle n’entendait pas vraiment. Foutu vitre. Elle essaya de lire sur ses lèvres. Chose qu’elle arrivait plus ou moins à faire. Elle vit la brique par terre. Dans cette fichue bibliothèque il y avait quoi de si important pour la barricader ainsi. Elle prit son Iphone 78%. Ça devrait le faire. Elle alla dans ses favoris et appela Knox. Il décrocha de suite et elle dit :

« C’est gentil d’être venu ! Crois-moi j’ai essayé de faire ce que je pouvais de l’intérieur. Mais c’est à croire qu’il cache la huitième merveille du monde ou je ne sais quoi ! Attend je vais réessayer à la porte ! Mais avec ma force de pingouins je te dis pas le résultat ! Ce qui est sûr c’est que la fenêtre est bloquée ! J’ai essayée en attendant ! »

C’était du Gwen’ tout crachais. Elle débitait les choses comme ça. A une sacrée vitesse. En mêlant humour et agitation. D’autre aurait dit force de fourmis elle c’était de pingouins. C’était du Gwen’. Et ce qui la connaissait, savait parfaitement comment elle était. Et cette forme d’humour permettait de camoufler la peur qu’elle ressentait. L’angoisse qui était au fond d’elle presque quotidiennement. Alors qu’elle se déplaçait vers la porte d’entrée. Fermée à quatre tours certainement. Elle poussa et poussa encore. S’acharna comme elle pouvait dessus. Mais rien. Soudain elle sentit quelque chose marcher sur sa main, elle cria et lâcha le téléphone qui tomba – indemne par je ne sais quelle chance – par terre. Elle écrasa une pauvre araignée sur le sol. Elle ramassa le téléphone et dit :

« Il y avait une super grosse araignée je te jure ! Super flippant ! Je déteste les araignées j’ai peur qu’elle me transforme en spider-woman … Je déconne ! Bref je déteste dorénavant la bibliothèque ! »

Elle émit un petit rire mi- humoriste mi- nerveux. Elle retourna prêt de la fenêtre. A travers, offrit un jolie sourire à Knox. Un sourire qui le remercié et lui disait qu’elle était désolée. Et elle rajouta en s’asseyant sur le rebord de la fenêtre. Et poursuivit :

« Tu vas bien sinon toi ? »

Elle en avait même oublié de prendre des nouvelles du deuxième homme qui comptait le plus pour elle. C’est pourquoi elle le fit maintenant. Elle était apparemment condamné à rester ici jusqu’à l’ouverture du matin. La galère. La loose.

Son cellulaire se mit à nouveau à cracher le son de la sonnerie motorhead dont il ne se lassait jamais. Un sourire fendit ses lèvres : sale con, pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt ? Il passa une main dans ses cheveux tandis qu'il regardait la demoiselle de l'autre coté de la vitre. Merveilleuse idée. Elle remuait les lèvres, un rire le prit aussitôt, ils avaient l'air bête, l'air d'être en conversation dans une prison. Parloire d'un autre genre. Shit. « Y'a vraiment pas d'quoi me remercier, Gwen'. Je te l'ai d'jà dit : t'en vaux la peine. Damn, vérifie quand même que cette ptain d'porte d'entrée n'soit pas simplement coincée. J'sais, j'sais idée à la con mais, qui ne tente rien n'a rien. Evidement, la bibliothècaire n'est pas une mou du genoux ou quoi... ». Il la vit s'éloigner gardant cette conversation en suspend quelques secondes où il entendit quelques soupires, quelques soufflements, quelques jurons. Puis, plus rien. Plus rien suivit d'un ENORME CRI qui faillit lui crever le tympan. «Bordel, Sullivan. T'es malades ? ». Un hurlement pour une vulgaire araignée gypsy ? C'était tout elle, toujours aussi poule mouillée : « Spiderwoman ce serait sex, sérieux. Elephantwoman, moins. Tu devrais flipper des mutations génétiques. » WTF ? Le rapport ? Aucun, il s'était enfilé la trilogie des X-mens alors, bonjour les références. Revenue face à lui, elle lui demanda de ses nouvelles : «Rien ne s'passe dans l'espace » lança-t-il, rectification : « Une nébuleuse a décidé de faire son retour. Chiennasse McConne, the bitch is back à mon plus grand dam ». Ce que ça lui faisait ? Un tas d'boum boum dans l'coeur. Un tas de torgnoles en pleines figure, imagées. Il était tuméfié, blessé et son orgueuil souffrait en ce moment même.« Crap, Crap, Crap. Ma nièce est seule now. J'vais lui envoyer un texto pour lui dire de rameuter. Ne me regarde pas comme ça : j'sais bien qu'il fait nuit, que les prédateurs sexuels sévissent dans l'voisinage en se déguisant en kangourou...». Un rictus déforma son visage, ce qui les fit tous deux exploser de rire. Sans commentaire

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« Y'a vraiment pas d'quoi me remercier, Gwen'. Je te l'ai d'jà dit : t'en vaux la peine. Damn, vérifie quand même que cette ptain d'porte d'entrée n'soit pas simplement coincée. J'sais, j'sais idée à la con mais, qui ne tente rien n'a rien. Evidemment, la bibliothécaire n'est pas une mou du genoux ou quoi... »

Elle laissa échapper un petit rire. Elle l’adorait tout simplement et ses petites phrases dites comme ça, ça la faisait toujours rire. Gwen’ était repartie vers la porte d’entrée, impossible. Elle avait essayée, comme elle pouvait. Elle devait ou avoir une force de pingouins ou alors cette porte était vraiment du solide. Ou alors un petit mélange des deux après tout ! Quand soudain une araignée avait fait son apparition sur sa main. Là pour elle s’était trop trop. Elle détestait les araignées. Elle détestait vraiment ça. Elle hurla. Déjà qu’elle était assez, bon ok, très peureuse, alors les araignées s’était l’horreur. Elle entendit Knox dire «Bordel, Sullivan. T'es malades ? » . Elle s’excusa. C’est vrai qu’elle avait exagérer en criant comme ça. Mais pour plaisanter elle rajouta qu’elle avait peur que l’araignée la transforme en spider-woman. Ouais Gwen’ était comme ça. Puis elle savait qu’avec Knox elle pouvait sans problème sortir ce genre phrase. Ce genre de plaisanterie. Il dit alors :

« Spiderwoman ce serait sex, sérieux. Elephantwoman, moins. Tu devrais flipper des mutations génétiques. »

Gwen’ laissa échapper un nouveau rire. Ça aussi c’était du Knox et elle adorait ça chez lui aussi. Gwen’ dit :

« Quel dommage je viens juste de tuer l’araignée ! Tant pis ! Toi tu ne te serais pas regarder X-men par hasard ? »

Finalement, Gwen’ retourna auprès de la fenêtre. Elle revit le visage de Knox et elle prit de ses nouvelles. Après tout c’était important de prendre des nouvelles de ses amis. Il commença par dire :
«Rien ne s'passe dans l'espace » . Mais rectifia de suite après :

« Une nébuleuse a décidé de faire son retour. Chiennasse McConne, the bitch is back à mon plus grand dam »

Gwen’ fit une petite grimace. Elle imaginait, enfin elle pensait pouvoir imaginer, ce que ça faisait à son ami. Elle lui adressa un joli sourire. Et répondit :

« Tu le vis comment ? »

Elle s’inquiétait pour Knox. Gwen’ était juste comme ça. C’était tout elle. Elle n’avait pas forcément les bonnes questions. Les bonnes paroles. Mais les personnes qui la connaissait le savait, savait qu’elle s’inquiétait et s’intéressait à ce qu’ils ressentaient au fond d’eux.

« Crap, Crap, Crap. Ma nièce est seule now. J'vais lui envoyer un texto pour lui dire de rameuter. Ne me regarde pas comme ça : j'sais bien qu'il fait nuit, que les prédateurs sexuels sévissent dans l'voisinage en se déguisant en kangourou...»

Dire à sa nièce de venir toute seule dans la nuit. Mais il est fou. Elle le regarda avec une petite grimace pas trop pour ça. Mais déjà la fin de sa phrase, puis le rictus qu’il fit. Ils éclatèrent tous les deux de rire. Il y avait de quoi d’ailleurs éclater de rire. Quand Gwen ce fut enfin calmé. Elle dit :

« Tu es vraiment fou comme gars, mais je t’adore quand même ! »

Un grand sourire éclata sur son visage. Et soudain elle se leva d’un bond. Faillit faire tomber son iphone, le rattrapa de justesse et dit d’un ton un peu trop élevé :

« Attends j’ai peut-être une idée ! »

Elle partit en courant vers l’étage de la bibliothèque. Faillit se manger dans les escaliers, comme à sa grande habitude. Jura deux ou trois fois et arriva finalement en une minute au premier étage de la bibliothèque. En face d’elle, une fenêtre.

« Y a une fenêtre ici ». Elle s’approcha, posa le téléphone, deux secondes, et essaya d’ouvrir la fenêtre à sa grande surprise elle s’ouvrit. Elle regarda par dehors. Oh putain, la vache c’était haut. Elle recula de deux pas, reprit le téléphone et dit « Mauvaise idée ! Très mauvaise idée ! Putain je ne pensais pas que ça allait être si haut ! C’est haut vraiment haut ! ».