Une clef, une serrure, un verrou. Celui-ci produisit un déclic, ouvrant la porte et lui permettant de rentrer. Ses cheveux blonds attachés dans un chignon "impeccable" (signifiant dans son dictionnaire "sans un cheveu hors de sa place), Anna rentrait chez elle. Fatiguée. Elle était absolument épuisée de sa longue journée. Le Jeudi était vraiment la pire de la semaine : précédée et suivie par des journées tout aussi longues, elle avait en plus ses cours à suivre ... Elle adorait le journalisme, mais parfois, ne souhaitait même pas se réveiller le matin. Telle était sa fatigue ; tel était son épuisement.

Soupirant, elle observa l'appartement, se baignant dans son luxe et le confort qu'il lui avait toujours apporté. Les rideaux de soie bien lisses ornant les fenêtres, ouverts afin de laisser entrer les lumières de la ville n'attendaient qu'elle, l'appelant presque afin qu'elle vienne leur offrir le confort de l'obscurité. La table, méticuleusement astiquée par ses soins la veille, semblait tout aussi impeccable ... Malgré deux ou trois légères tâches de graisse que ses frères croyaient impossibles à voir. Elle roula des yeux vers le plafond : les hommes étaient décidemment une énigme à laquelle une réponse n'existait tout simplement pas.

Avançant davantage, elle se laissait soulager par la perfection des lieux qu'elle avait nettoyé et rangé quotidiennement depuis à présent deux années. Tout avait sa place, dans cet appartement. Rien ne faisait hors de sa place, hormis dans les chambres de ses frères, ou encore, leur présence tout court. Néanmoins, un détail la fit tressaillir : son tapis était déplié. S'accroupissant, le sac encore autour de l'épaule, elle dit d'un ton exaspéré :

- Eagle ! Combien de fois t'ais-je dis de ne pas défaire mon laborieux travail ?